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Une organisation utopique imaginée par Charles Fourrier

La première expérience de type socialiste en Roumanie

Manolache met à disposition ses terres

Il était revêur, non-conformiste, enthousiaste, vivant en dehors du monde réel

Il libère les esclaves tsiganes et prend épouse parmi eux

L’expériment fait faillite, il est arrêté et meurt seul et ruiné à 35 ans

Phalanstère = terme dérivé des mots grecs Phalanx, une formation de bataille rectangulaire et stéréos, solide.

 

C'est une forme d'organisation utopique d'une communauté imaginée au début du XIXe siècle par le philosophe et économiste français Charles Fourier. La communauté formant un Falanster serait idéalement formée de 500 à 2000 personnes travaillant ensemble pour leur bénéfice mutuel.

 

En 1835, le socialiste utopique Teodor Diamant tenta de créer en Valachie un Phalanstère appelé "Société agronomique et manufacturière" ou "Colonie des compagnons agronomes", avec Emanoil ("Manolache") Bălăceanu à Scăeni.

 

Le portrait imaginaire d'Emanoil Balaceanu est réalisé par Constantin Bălăceanu Stolnici.

 

Teodor Diamant s'était lié d'amitié avec Fourier pendant ses études à Paris et, de retour au pays, était obsédé par l’idée de créer un Falanster.

 

Manolache Bălăceanu, quant à lui, était une personne cultivée possédant une bibliothèque entière de livres en latin et en français. Dans les étagères de sa bibliothèque, il trouva les travaux des socialistes utopiques, notamment Charles Fourier, et adhéra à ses idées. Il fut également influencé par son ami Teodor Diamant.

Ainsi, Manolache, bien qu'il soit endetté, offre à Diamant de mettre à sa disposition ses terres pour réaliser l'expérience.

 

Diamant a en fait proposé à Manolache le Falanster afin de l'aider à sortir de ses problèmes financiers dans un conflit qui l’opposait à son ancien locataire, Teodor Zaplan. Ainsi, afin d’éviter le versement d’une indemnité à Zaplan, Balaceanu a accepté de céder le terrain aux familles que Diamant allait organiser selon les principes fouriéristes.

 

Dans une lettre à son mentor Charles Fourier, Diamant se vante de ses succès inespérés et lui raconte que non seulement le boyard Bălăceanu , mais également de nombreux autres boyards, médecins et professeurs ont montré ainsi leur intérêt et ont contribué financièrement à la construction du Falanster de Scaeni.

Le rôle réel de Manolache Bălăceanu dans la création du Phalanstère a divisé les historiens en deux camps.

La plupart croient qu'il a seulement mis à disposition de Teodor Diamant ses terres.

Constantin Bălăceanu Stolnici dit qu’en fait "Manolache était le fondateur et le dirigeant de la Société, celui qui s’est battu pour organiser cette activité, supportant tous les fardeaux moral, physique et financier, et devant faire face à la répression des autorités.

Teodor Diamant a développé le programme théorique en laissant tomber l'expérience dès que les premières difficultés sont apparues."

 

Plus de 80 personnes ont travaillé à la "colonie" à un moment donné. Elle fonctionnait comme une association de personnes qui s’engageaient à travailler ensemble le domaine. Chacun contribuait en fonction de l'argent investi, de sa capacité de travail et de son talent, essayant d'éviter autant que possible la division du travail.

Il y avait des gens de tous les horizons - petits propriétaires agricoles, ouvriers journaliers, non qualifiés et aussi les Tsiganes de Scăieni qui ont été libérés par Manolache. Un geste hors du commun à cette époque!

La journée du travail au Falanster était de huit heures, alors qu’à l’époque les paysans avaient l’habitude de travailler jusqu'à seize heures.

Après quelque temps, il semble que Diamant aurait perdu son enthousiasme et aurait quitté Manolache, qui devait continuer à se battre tout seul.

Il est vrai que Manolache avait un caractère difficile et non conformiste.

Ion Ghica l'a caractérisé comme étant un petit boyard "rêveur, non conformiste et enthousiaste qui ne vivait pas dans le monde réel", cite Bălăceanu Stolnici.

 

Manolache avait épousé une fille de bonne famille, Ştefănescu-Kretzulescu, avec laquelle il a eu une fille, Lucretia.

Cependant Manolache laisse tomber son épouse pour prendre comme partenaire une ancienne robe tsigane de son domaine, "belle et élégante, scolarisée, qui lui a donné quatre enfants". Mais ces derniers n'ont jamais été considérés comme des Bălăceni.

 

Le déclin de la coopérative est précipité malheureusement par les dettes de Manolache et, plus malheureux encore, du fait que le Falanster avait été fondé sur un terrain hypothéqué.

Les dettes de Manolache se multiplient et, au bout de presqu'un an et sept mois, l'expérience se termine. La société est dissoute.

Le défaut de paiement de la dette conduit à la saisie de tout le domaine de Scaeni, mais la saisie est finalement levée  après avoir été contestée devant le tribunal.

 

L’expérience de Scaieni a pris fin en moins d’un an et demie et a reçu le coup de grâce du prince Alexandru Dimitrie Ghica, qui jette Manolache Bălăceanu en prison, à la suite de plusieurs querelles et malentendus.

 

Comme si cela ne suffisait pas que Manolache soit arrêté, certains membres de la colonie décident de le poursuivre en justice pour les avoir déçu et trompé dans leurs attentes.

 

Il décède à 35 ans, seul et ruiné, mais toujours aussi idéaliste.

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