En Valachie, le chef de la Police portait le titre de 'Aga'
Le Grand Aga voulait renverser le voivode Brâncoveanu et muter la capitale à Balaci
Il meurt assassiné par Brâncoveanu pendant la bataille de Zarnesti
Sa tête empalée est exposée à Bucarest pendant 1 an et demie
La malédiction des Bălăceanu frappe deux décennies plus tard les Brâncoveanu et les Cantacuzino
Ces deux ombres énigmatiques, qui semblent nous regarder d'un autre monde, sont les seules images qui nous restent de Constantin Aga Bălăceanu et de sa femme, Maria Cantacuzino. Ils se tiennent encore là, sur les murs de l’église de Balaci, bâtie par lui-même.
Constantin Aga Bălăceanu était le fils de Badea "Uşurelul" Bălăceanu et de Maria Bălăceanu (née Cocorăscu).
A propos de lui, le chroniqueur Radu Greceanu, qui lui était hostile, disait qu’il aimait " les richesses, les chevaux et les fantasmes".
Aga était à l'origine le titre attribué aux officiers supérieurs de l'armée ottomane. En Valachie, il était chargé de la sécurité publique. Une fonction importante et bien rémunérée.
Existant en Valachie depuis 1620, Aga était le chef de la police militaire, l'inspecteur des marchés urbains et, après la révolte de 1655, le chef de l'infanterie; il avait sa propre prison et un tribunal qui tenait siège à son domicile. Le règlement organique lui a attribué par la suite le grade de colonel.
Par son mariage avec Maria, la fille du voïvode Serban Cantacuzino, Constantin Aga Bălăceanu entra ainsi dans le puissant clan des Cantacuzène, augmenta son influence politique et sa richesse.
Il était l'un des messagers envoyés par le voïvode Serban Cantacuzino à Vienne pour négocier une alliance avec le parti impérial autrichien.
On savait que le mouvement anti-ottoman en Valachie était dirigé par Serban Voda Cantacuzino, accompagné d'un groupe de partisans, amis et parents proches, dont Constantin Balaceanu et son père Badea.
La mort précipitée du voïvode (on dit qu’il a été empoisonné par son propre oncle Constantin Cantacuzino et par Constantin Brâncoveanu pour prendre son trône) et l'élection par les boyards du pays de Constantin Brâncoveanu comme successeur, surprit Constantin Aga Balaceanu qui faisait lui-même des efforts auprès des autrichiens pour récupérer le trône.
Il mourut lors de la bataille de Zărneşti, ou il s’était rangé du côté des impériaux autrichiens contre les troupes turques, tatares et roumaines de Constantin Brâncoveanu.
Le Grand Aga avait des liens politiques étroits avec l'empereur Léopold Ier d’Autriche, qui le récompensa en lui donnant le titre de comte du Saint Empire romano-germanique et lui octroya un blason qui aurait probablement été placé sur la façade du palais de Balaci.
Il est intéressant de noter que ce blason figure entre autres sur la croix de Serban Cantacuzino à Călugăreni et sur la bible publiée après sa mort par Constantin Brâncoveanu.
L'année 1690 vu l'effondrement des B. Après la mort de Constantin Aga à la bataille de Zărneşti, Vodă Brâncoveanu a ordonné de lui couper la tête et de la ramener à Bucarest, à la manière ottomane.
Il a ensuite ordonné de démolir les maisons d’Aga et d’exposer la tête décapitée à cet endroit, enfoncée sur un pals, le jour de la fête de Sainte Marie (le 15 Aout), jour où Aga avait annoncé qu’il occuperait la capitale.
La tête est restée un an sous la pluie et le soleil "à la vision d’horreur et la peur des passants". Et puis, quand il ne restait plus qu'un crâne blanc, ils l'ont jetée, Dieu sait où.
Brâncoveanu confisque tous les terrains à son profit. Les B sont temporairement chassés de Balaci et le palais de Constantin Aga est laissé inachevé.
Vingt-quatre ans plus tard, le même jour de la Sainte-Marie, la tête de Brâncoveanu, accompagnée de ses fils et de son gendre et conseiller, Enache Văcărescu, était portée sur une pique dans les rues d'Istanbul…
Deux ans plus tard, perdait aussi sa tête le vieux Constantin Cantacuzino, celui qui avait empoisonné Serban Cantacuzino et intrigué l’assassinat de Constantin Aga Bălăceanu ....
Ion, le fils de Aga Constantin Bălăceanu, périra également sous la torture, à l'époque de Vodă Mavrocordat, accusé de trahison envers les Autrichiens.
Mais la mémoire des vieux boyards est restée longtemps vivante dans l’esprit du peuple qui, au milieu du XIXe siècle, disait encore: le quartier des Bălăceanu, la place des Bălăceanu, l'église des Bălăceanu ....
Sources: Extraits de "Saga Bălăcenilor" de Constantin Bălăceanu Stolnici, édition Humanitas, 2000 et
"Podul Mogosoaia - L'histoire d'une rue" de Gheorghe Crutzescu, édition Humanitas